Comédienne et récolteuse tout terrain

Julie
Fache



Textes écrits au printemps 2021 par Anaïs Heluin, pour un projet développé entre septembre 2020 et juin 2021 dans le cadre de la formation supérieure.

Biographie

Française, née en 1989. Après une licence en Lettres modernes parcours théâtre à l’Université de Nantes, Julie Fache se forme en tant que comédienne en 2007 à l’école ACTEA à Caen. Elle poursuit sa formation au jeu d’acteur, au chant et à la danse au Conservatoire d’Art dramatique d’Angers et de Nantes tout en menant ses premières expériences théâtrales professionnelles au sein de compagnies alternant créations pour la salle et pour la rue. A partir de 2012, elle cultive une passion pour les voyages tout en poursuivant sa collaboration auprès de compagnies aux esthétiques diverses – Casus Belli, Au paradis toujours plus vite, J’irai danser sur vos murs ou encore Les Z’en Trop. Un désir croissant de rencontres auprès de tous les publics la mène du côté de la marionnette : au sein du collectif Cie Mains Voyageuses qu’elle fonde en 2017, elle écrit et met en scène La famille clandestine. En 2018, elle s’installe à Marseille pour prendre un tournant artistique. Direction : espace public.




Retour sur le projet personnel de création

Pendant l’écriture de son projet personnel de création, Julie a été accompagnée par
Valérie Bournet, metteure en scène et comédienne (Agence de voyages imaginaires).

Marseille, pour Julie Fache, c’est l’aventure. C’est la rencontre, notamment avec des personnes éloignées des lieux culturels. Les personnes âgées isolées en particulier, auprès desquelles elle s’investit dès son arrivée dans la ville en 2018 par le biais d’associations en organisant pour elles des ateliers et actions dans la rue. Cet engagement nourrit son parcours au sein de la FAI-AR, où elle souhaite développer son écriture pour la marionnette dans l’espace public. Elle y entre avec l’idée d’un personnage nourri par ses rencontres dans le champ associatif : celui de Louisa, vieille femme qui parcourt la ville selon des trajectoires et des rituels qui lui sont propres, mais qui sont aussi le reflet de toutes ces personnes que l’on croise chaque jour sans vraiment les voir.

Construite avec Anna Idatte et Philippe Payraud, qui en a conçu le visage réaliste, la créature éponyme de J’AI VU LOUISA est une marionnette à corps porté par Julie elle-même. Si Louisa ne parle pas, c’est par sa présence ritualisée, le regard, le toucher et ses petites choses qu’elle donne aux passants que la marionnette entre en relation et compose avec le réel. Des bouts de papiers et lettres surtout, où elle délivre des bribes de sa vie, de ses rêves d’hier et d’aujourd’hui, et invite à la réponse. C’est donc en douceur, en poétisant les espaces qu’elle traverse, que Louisa porte les questions qui importent à Julie Fache : sur notre rapport à la vieillesse isolée, au lien à recréer, au temps et la place que nous laissons accordons à nos aîné.e.s.

Inspiré notamment du projet HitchBot, robot autostoppeur américain, des marionnettes de l’artiste Natacha Belova et du personnage du « caresseur public » que Michel Sarunac a fait vivre pendant 25 ans, J’AI VU LOUISA se déploie sur la durée. Il pourra être ponctué de moment spectaculaires, mais toujours dans le cadre de parcours quotidiens, qui permettent à la marionnette de s’inscrire vraiment dans l’espace public et de se nourrir des personnes et des réalités qu’elle rencontre. Si elle a vocation à parcourir les festivals, Louisa souhaite aussi prendre quartier dans toutes sortes de lieux non dédiés : des lieux associatifs, des quartiers, des écoles, … La mamie est aventureuse. Et qui sait, peut-être ses pas la mèneront-ils vers son alter ego masculin que Julie Fache envisage de créer, et d’envoyer lui aussi seul dans la ville.