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Porter et interpréter un texte dans l’espace public

du 1
Déc
2025

au 12
Déc
2025

©Quentin Chevrier

Été 1830. « Il n’a jamais fait aussi chaud », se dit un médecin attablé place du duc d’Aumale, à Toulon, en recommandant une absinthe au serveur. « Tout à l’heure, il faudra prévenir les autorités militaires ». Une épidémie de choléra vient de naître comme un feu, un feu qui chez Giono semble prendre en un jour. Marseille, Aix, Carpentras, Draguignan, Toulon…Les cadavres tombent dans les villes, alors que les heures de l’après-midi s’égrainent. A quelques kilomètres de là, Angelo, sorte de d’Artagnan « moderne » (en tous cas plus jeune de deux siècles), traverse innocemment la garrigue où les signes funèbres se multiplient. 

Le roman de Jean Giono, Le Hussard sur le toit, et en particulier ce premier chapitre, résonne particulièrement à l’heure des épidémies et des catastrophes climatiques ; il sera le point de départ pour explorer ce que adapter et jouer un texte dans l’espace public veut dire : dire la prose animale et charnelle de Giono dans un environnement urbain, bétonné, contemporain, se servir de la ville et de l’architecture pour travailler les reliefs d’une langue, pour déplier un récit, ses descriptions, ses dialogues, et sa poésie ; tester des passages, des voix et des corps dans des lieux, des recoins, des terrasses, de vastes esplanades ; faire exister une atmosphère qui contraste avec un contexte, faire parler ce contexte, le faire entrer en dialogue avec le roman, faire exister l’ailleurs du roman dans un ici très situé, très concret.

Le texte et l’espace public portent des champs d’exploration esthétique et des champs d’investigation politique. Comment faire résonner la portée d’un texte et permettre à chacun de se sentir “invité” à sa découverte autrement que par sa seule lecture ? 

Quelles ressources offre l’espace public pour réunir ces conditions et parfois donner d’autres résonances au texte abordé. Comment entrer en dialogue avec un paysage qui vit et parfois nous dépasse ? Le texte, comme le corps, reste à la croisée de ces nouvelles aspirations et permet d’inviter différents publics, (artistes, comédiens·nes, metteurs·ses en scène, performeurs·ses) à se croiser et partager ensemble les outils liés à l’adaptation et surtout l’interprétariat d’un texte dans ces contextes non-dédiés.

La Réplique et la FAI-AR s’associent pour proposer ce module de formation professionnelle mené par Clara Hédouin. Après une semaine dans la Cité des Arts de la Rue et d’autres typologies de l’Espace public, qui servira de premier terrain de jeu, le groupe s’aventurera dans des zones plus sauvages. Alors, le récit de Giono sera embrassé, pour donner corps à la vitalité qui l’habite… à l’air libre.

Objectifs

  • S’approprier un texte et le faire résonner, le “sculpter” avec et pour un espace public singulier,
  • Faire émerger les possibles d’un texte, d’un espace, d’un corps et d’une voix,
  • Créer des liens, mettre en relation espace, corps, texte, dramaturgie et poésie,
  • Concevoir une esthétique, une forme, une interprétation dans un dialogue entre texte et espace,
  • Incarner le texte et habiter l’espace, négocier avec ses contraintes spécifiques et s’en servir pour inventer autrement,
  • Engager le corps, la voix, la physicalité, le mouvement dans le texte et l’espace.

Prérequis

  • être majeur·e et comprendre le français,
  • avoir 2 ans d’expérience professionnelle dans le spectacle vivant comme interprète, performeur·se, scénographe ou metteur·se en scène.

Condition d’accès : chaque candidat devra avoir transmis au préalable un CV accompagné d’une note explicitant son projet au plus tard le 31 octobre 2025 à formation.continue(@)faiar.org. L’inscription sera considérée comme définitive à l’issue de la phase de sélection et à réception de la confirmation de financement.

Formateurs

Clara Hédouin - Comédienne et metteuse en scène

Clara Hédouin est comédienne et metteuse en scène. À partir de 2012, elle lance un projet de création au long cours, Les Trois Mousquetaires, La Série, une adaptation du roman de Dumas sous la forme d’une série théâtrale, avec Jade Herbulot et Romain de Becdelièvre. L’aventure se développe sur les 6 années suivantes au sein du Collectif 49701. Elle comprend 6 spectacles, réunit une vingtaine d’acteurs et tourne dans toute la France, hors les murs des théâtres. Parallèlement, Clara mène une thèse de doctorat en Études théâtrales, La tentation épique – épique et épopée sur les scènes françaises – (1989-2018), publiée en 2022 chez Classiques Garnier, enseigne à l’Université de Rennes 2 et à celle de Paris-Ouest-Nanterre, et s’interroge de plus en plus sur le sens et les implications du fait de « jouer dehors ». À partir de 2020, elle ouvre un nouveau chantier théâtral, tourné vers la question du vivant, nommé « Manger le soleil », qui deviendra le nom de sa nouvelle compagnie. (voir www.mangerlesoleil.com). Elle se penche alors sur l’œuvre de Jean Giono, notamment « Que ma joie demeure », une randonnée théâtrale en milieu naturel de plus de six heures, mais aussi le Prélude de Pan, (qui mêle une nouvelle de Giono à une enquête documentaire in situ, auprès des agriculteurs habitant les communes où se joue le spectacle). Clara poursuit ainsi son exploration des formes épiques et collectives en extérieur, recherche qui franchira un nouveau cap avec l’adaptation de Manières d’être vivant, du philosophe Baptiste Morizot, projet qu’elle envisage pour la première fois dans la nuit. 

Partenaires

Depuis 1981, La Réplique s’attache à fédérer un réseau de professionnel·le·s, comédien·ne·s, metteur·e·s en scène, auteur·e·s et autres professionnel·le·s de l’art vivant ou du cinéma, qui questionnent constamment le sens de leur métier, de leur art, ses modalités et ses enjeux.

Son activité est organisée en trois pôles :

• Un Pôle Recherche composé de temps d’exploration artistique, en-dehors de tout objectif de résultat, privilégiant la tentative, le partage et la curiosité, comme nourriture créative.

• Un Pôle Transmission qui permet aux professionnel·le·s du secteur de transmettre la spécificité de leur propre pratique à d’autres artistes.

• Un Pôle Mise en lien qui offre aux adhérent·e·s une visibilité lors d’évènements mais également en ligne avec l’annuaire de comédien·ne·s disponible sur le site internet et une newsletter bimensuelle qui véhicule de nombreuses informations à un réseau de 4200 professionnel·le·s.