Musicien, performeur, activiste onirique

Juri
Cainero

Percussionniste au Conservatoire jazz de Amsterdam, Juri développe une allergie aux solos de saxophone qui l’oblige à la fuite. Il trouve refuge dans l’underground squatters hollandais.
Là, fleurit le band Caspian Hat Dance, qui mêle du bon boum Tchak rumsky avec des airs de l’Est. Pendant cinq ans, le groupe tourne entre l’Alabama et la Transylvanie. Juri se retrouve à Mexico, où pendant 4 ans il suit l’entraînement du maître de danse Butoh Diego Piñon et en même temps obtient le diplôme de mouvement somatique (Center for Body Mind Mouvement. Pittsburgh, U.S.).
18 chevaux et 16 humains l’accompagnent pendant 7 mois de caravane artistique traversant la campagne mexicaine (Nomadas Unidos).
À Bhopal, chez le maître Gundecha, il essaye de se calmer en chantant 7 notes pendant 3 mois. L’intonation est là, mais ne suffisant pas à le calmer, il décide alors de candidater à la FAI-AR. Il complète sa formation avec le DESU universitaire Dramaturgie et écriture scénique en espace public.
Retour aux racines avec la création en famille de Gaia Gaudi, spectacle de théâtre clownesque, musical et dansé à côté de sa mère, la célèbre clown Gardi Hutter, sa compagne Beatriz Navarro et sa sœur Neda Cainero. Le spectacle tourne, dans sa première année et demi de vie dans une centaine de théâtres en Suisse, Allemagne, Autriche et Italie.
Juri est fondateur de la compagnie ONYRIKON (théâtre physique in situ) qu’il dirige en binôme avec Beatriz. Les créations de la compagnie sont : En Bas, CAVA et Le miroir d’Iyagbon.

Intention artistique

Sa recherche artistique a été représentée par le projet de création Onani. Par la petite porte lors du Panorama des chantiers de la 5e promotion du 11 au 13 mars 2015.

Onani
Par la petite porte

Fasciné de longue date par les rituels et les images oniriques, Juri Cainero donne corps à une étrange brigade : coiffée de casques et vêtue de longs manteaux sombres, sa communauté d’« Onanis » (créatures fantastiques et grotesques de la taille de nains) se déploie dans l’espace public, kidnappant parfois les spectateurs pour les convier à des cérémonies secrètes. Initiés au butoh et au mouvement somatique, contraints par un costume qui diminue leur taille de moitié, les comédiens développent une envoûtante gestuelle animale, suscitant rire ou effroi. Ces Onanis curieux, touche-à-tout et irrévérencieux incarnent nos pulsions, affranchies du poids de la morale. Libidineuse, adoratrice de déités archaïques (Priape, Onan, Artémis aux seins multiples…), prompte à « s’encouronner » mutuellement, cette micro société est un miroir déformant de la nôtre. Elle en moque la vanité et les dérives. « Ces Onanis croient être très grands, or ils sont tout petits. Ce sont des déformations de nos instincts naturels : le sexe, le désir de pouvoir, la volonté de domination, qui sont des ressorts très utilisés, par la publicité par exemple. » C’est le personnage éternel des bouffons – « ces fous sacrés qui cassent les interdits et les tabous, présents dans chaque culture » – que Juri désire mettre en jeu. Pour travailler sur les pulsions primaires et leurs entraves, à l’origine de nos constructions sociales, il choisit de renouer avec l’essence d’un spectacle de rue déambulatoire, invasif et intrusif, qui use du rire voire de la gêne, pour ses vertus exutoires. « L’Église a vidé la sexualité de toute spiritualité. Même si la révolution sexuelle nous a redonné une certaine liberté, la séparation entre le divin et le charnel est restée. Je pense qu’une des missions de l’art est de reconnecter ces domaines. Les Onanis, grotesques et lubriques, s’y attèlent depuis les profondeurs de l’enfer. » Musicien de formation, Juri prévoit de monter une chorale d’Onanis, éventuellement accompagnée par un orchestre de musiciens amateurs, dans chacune des villes traversées.

Tuteur : Julien Marchaisseau, directeur artistique, compagnie Rara Woulib

Dans le cadre de la formation supérieure, Juri Cainero a effectué un stage artistique au sein de Rara Woulib. Son voyage d’étude s’est déroulé au Bénin.