Comédienne-metteuse en scène

Léa
Good



Léa Good s’est formée à l’Université Lyon II, en Études théâtrales et Lettres modernes puis elle intègre la formation professionnelle du Conservatoire de Grenoble en 2016. Elle fait aussi un an d’études théâtrales à l’Université Fédérale du Pernambouc au Brésil.

Elle travaille dans différentes compagnies comme le Collectif de l’Âtre, la Cie Augustine Turpaux et la Cie Belle Pagaille où elle approche plusieurs esthétiques et navigue entre écritures contemporaines et écritures de plateau. Elle expérimente tout autant le jeu que l’écriture et la mise en scène et développe un intérêt particulier pour les spectacles qui l’amènent hors des boîtes noires et notamment dans des espaces dits « naturels ». L’histoire des luttes sociales, la lutte contre les inégalités de classe et de genre sont les axes privilégiés de son travail.
Elle crée aussi plusieurs spectacles avec des amateur·ices et y voit un formidable outil d’expression et d’épanouissement pour des personnes jeunes ou moins jeunes, ordinaires ou handicapées. Elle mène aussi des ateliers radio et porte un intérêt croissant pour la réalisation de créations radiophoniques, avec des formes fictives ou documentaires.

En entrant à la FAI-AR, Léa souhaite trouver un cadre qui lui permet de se faire bousculer dans sa pratique mais aussi se munir de nouveaux outils pour creuser sa recherche d’un théâtre résolument politique et poétique, inspirant et drôle. Un théâtre qui s’applique à faire vibrer les idées.

60 ans d’écoute

60 ans d’écoute est le Projet Personnel de Création porté par Léa, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.


Tu mets en jeu beaucoup de thématiques sociales dans tes projets, comment cela a-t-il pris forme dans ton parcours ?
La mise en scène de la pièce Les claques et les étoiles, une commande autour des violences contre les personnes en situation de handicap, a été une expérience fondatrice, posant des questions de fond sur la meilleure manière de rendre justice aux sujets difficiles. J’y ai aussi découvert le plaisir d’être passeuse de paroles, en mettant mes outils au service des autres. Participer à Monique sur les crêtes, un spectacle-randonnée à la recherche d’une vieille dame disparue, m’a par la suite permis de vérifier que j’aimais l’imprévu, le mélange au réel, la possibilité de brasser des publics différents.

Puis avec 60 ans d’écoute, mon envie a été de travailler autour du Planning Familial, qui constitue un thermomètre des relations affectives et sexuelles et par extension des violences patriarcales. Se pencher sur l’histoire de l’association permet de dézoomer sur la manière dont le droit à l’avortement – qui fêtera ses 50 ans en 2025 – a été conquis, et comment la situation évolue depuis. C’est aussi un prisme par lequel on peut questionner les enjeux de transmission et de transformation des féminismes, et par ricochet entrevoir les difficultés du service public de la santé.

La notion d’écoute semble prendre une place importante dans ton projet ?
Je cherche en effet à sonder quels sont nos espaces d’écoute, les revendications auxquelles on prête attention à l’échelle d’une société, et quelles transformations politiques en découle. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle le spectacle s’organise autour d’un plateau radio, en direct et en public. À une époque, les conseillères du Planning Familial étaient d’ailleurs appelées « les écoutantes ».

Quel contexte de jeu privilégies-tu ?
Je le vois jouer sur une petite place, idéalement à proximité d’une terrasse de café, pour que la vie quotidienne puisse entrer dans le champ. Par moments, le plateau radio explose dans la ville : on peut par exemple voir un entretien se dérouler à un balcon, entendre de manière distincte un dialogue dans le lointain. Cela donne l’impression privilégiée d’avoir accès à l’intime dans l’espace public, incarnant ainsi l’idée que l’intime est politique. Je prévois un partenariat avec des structures relais locales : radios, Planning Familial ou associations féministes, afin de prolonger l’expérience du spectacle. Enfin, il est important pour moi de ménager une place importante à l’humour : il est possible d’attraper des sujets dans toute leur complexité, sans pour autant que ce soit trop pesant. Trouver collectivement les moyens de se faire entendre, avoir le choix, disposer de soi, ce sont aussi des sujets joyeux.

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.