Luana
Volet

Luana Volet est une artiste acrobate et performeure de physical theater suisse-romande et brésilienne née à Lausanne (Suisse) en 1995.

Jeune, elle se spécialise dans les arts du cirque à l’Ecole de Cirque de Lausanne, puis au Zirkus Project Waldoni, à Darmstadt (Allemagne) et à Passe Muraille, à Besançon. En septembre 2016, elle intègre l’Accademia Teatro Dimitri dans le Tessin (Suisse), où elle s’amuse à chercher sa propre forme de physical theater, aujourd’hui appelée Théâtre de l’extrême.
Avec le Théâtre de l’extrême, Luana Volet co-écrit différents spectacles, souvenir du futur, un solo dansé et acrobatisé pour sorcière, 3ciclo punkers, un spectacle de rue sur triporteur (co-écrit avec Luca Lombardi et Matteo Chippari), maudit, maudit, maudit une pièce choréographique pour deux danseureuses-démons (co-écrite avec Patrice Bussy) et puis douceur de la ville, une déambulation tendre sur béton (co-écrite avec Lia Schädler).

parade d’intimidation aigre-douce

parade d’intimidation aigre-douce est le Projet Personnel de Création porté par Luana, entre septembre 2022 et juin 2023, dans le cadre de la formation supérieure.
L’interview ci-dessous a été réalisée et retranscrite en juin 2023 par Julie Bordenave.

De quelle manière tes projets cherchent-ils à rendre compte de la diversité de points de vue qu’offre l’espace public, au propre comme au figuré ?
J’aime retrouver dans l’espace public ce que j’ai tôt éprouvé dans le cirque : jouer à 360 sans forcément de 4e mur, un contact direct avec le public… Parmi les projets que j’y ai mené, douceur de la ville est une dérive dans l’espace public en quête de points de vue remarquables, visant à « déguider » le public en cherchant à lui faire perdre la notion du temps. J’ai ensuite abordé la FAI-AR avec l’envie de renouer avec un événement qui m’avait marqué : la construction collective d’un bonhomme géant symbolisant le patriarcat, destiné à être brûlé à l’issue d’une manif. Nous l’avions baladé en vélo dans les rues, comme une parade avant l’exécution… C’était un moment joyeux, nourri d’une force collective. C’est cette puissance que je cherche à retrouver dans mon projet, liée cette fois à la possibilité de s’approprier la violence comme moyen de riposte, le tout porté par un gang de meufs.

Cherches-tu à sonder les diverses acceptions de la violence ?
Je ne cherche pas la représentation d’une violence directe, mais plutôt l’évocation d’une contre-attaque, en réaction à une violence initiale. En concentrant cette force dans un état de corps particulier, en faisant corps seul·e et à plusieurs. Quand on les sort de leur contexte, certains actes peuvent paraître fous ou infondés. Or, ils résultent parfois de couches de domination qui mènent à une explosion nécessaire. Ce que je souhaite mettre au travail c’est la présence physique, l’état de corpsjuste avant la riposte. Comment suer l’intimidation pour désarçonner la violence ?

Que voudrais-tu provoquer chez le·la spectateur·rice ?
Le·la déconcerter, créer un état d’alerte, le·la pousser à rester attentif·ve, prêt·e à bondir, à agir. Qu’il et elle soit chamboulé·e, étonné·e qu’un groupe aussi badass puisse à son tour s’accaparer la violence ! Et que certain.e.s aient envie d’en faire partie, soient
prêt.e.s à nous rejoindre. Le·la rendre complice en créant de la dérision et de l’autodérision. Le public est guidé par les regards, son parcours se fait au fil de ses sensations physiques. Il est sans cesse amené à s’adapter à travers des moments étranges et surprenants, nourris des univers de chacune d’entre nous – comédiennes, équilibriste sur bouteilles, danseuses, circassiennes. Ensemble, nous incarnons l’entité de ce gang de meufs. Une personne de mon équipe habite en Colombie et à terme, j’aimerais continuer à collaborer avec elle et l’équipe, ici et là-bas.

Voir le clip du projet

Présentation vidéo du projet

Interview et captation vidéo réalisées lors des Esquisses, en juin 2023.
Ces Esquisses sont des présentations de maquettes des Projets Personnels de Création menés pendant la formation supérieure de la FAI-AR.