Artiste
Lilli
Döscher
Nouant tôt un rapport singulier et en mouvement aux paysages et aux villes, Lilli Döscher accompagne le travail du Théâtre Fragile de 2009 à 2013 (assistance à la mise en scène, fabrication de masques et de décors). En 2017, son parcours aux Beaux-Arts se déploie entre les écoles allemandes de Kiel et Dresde et l’école danoise de Sønderborg. Elle développe ensuite une pratique de plasticienne en écho avec la ville. En 2015-2016, en Bretagne, elle effectue un stage en charpente navale et voilerie.
Intention artistique
D’une traversée de l’Atlantique effectuée en tant que matelot à bord d’un vieux gréement, Lilli Döscher garde le goût du défi et une nécessaire capacité de réactivité et d’adaptation. En 2012, elle obtient avec la mairie de Kiel un contrat d’occupation artistique d’un espace vert.
À Dresde, elle développe un travail d’édition artistique à l’échelle d’un quartier, sous forme de collages sauvages sur les colonnes d’affichage. Avec un collectif, elle s’attelle à disséminer dans la ville des motifs abstraits. Apparaissant en écho dans une galerie, cet ensemble de matières – graphiques, musicales, sociologiques – prend sens dans sa globalité. Devant le constat de difficultés croissantes des artistes dans leur rapport au travail, elle impulse également des dispositifs plus ou moins décalés de réflexions et d’échanges (appel à la grève, tests psychologiques, questionnaires, répertoire lexical révélant la vacuité des termes artistico-culturels…).
À la FAI-AR, elle vient chercher une approche pluridisciplinaire de la création en espace public, découverte jusqu’alors de manière empirique. Étoffant sa démarche d’une pratique corporelle, elle s’attache désormais à une mise en cohérence d’éléments provenant de différentes disciplines. Avec trois interprètes, elle invente pour second wind / second souffle / zweite luft un langage chorégraphié, usant d’un lexique établi à partir de gestes et postures observés dans le quotidien de l’espace public. Ce travail explore la notion de bascule – d’un état à l’autre – d’intuition et de sérendipité.
Répétés ou déclinés en canons, naviguant de l’absurde au concret, jouant sur une modulation d’intensité, d’ampleur, de durée, les gestes s’ordonnent en un ensemble de partitions élaboré in situ. Au cœur d’un terrain vague, le public est invité à se laisser traverser par ces récits corporels évoquant l’attente. Dans la mise en partage d’un moment étiré, les performeuses entre ennui, frénésie et fureur, cherchent la sensation qui bousculera leur indolence.
TUTRICES / Karin Holmström, conceptrice de spectacle & Nolwenn Moreau, comédienne / Begat Theater
Textes de Julie Bordenave.