Diplômée de la Universidad de los Andes, Mérida Venezuela, où elle suit le cursus d’études cinématographiques pendant cinq ans, Sophía La Roja se spécialise en direction de la photographie. Elle travaille aussi en tant que scénariste, réalisatrice et chef décoratrice pour des courts et longs métrages, des séries télévisées et des documentaires. Dès l’âge de sept ans, elle côtoie Eddy Salazar, un marionnettiste de rue, auprès de qui elle découvre un univers composé d’objets, de couleurs et d’imagination à partir duquel elle développe sa propre esthétique.
Cinéaste / artiste visuelle
Sophía
La Roja
Intention artistique
Du Venezuela à la Colombie, Sophía La Roja noue dès son enfance une relation affective à l’espace public : elle y travaille avec un marionnettiste, y pratique le cirque et le skate. Maniant le collage, le cinéma et la photo, elle considère qu’un artiste doit pouvoir toucher à tous les formats.
En entrant à la FAI-AR, elle souhaite outrepasser le cadre de l’écran, afin d’investir la ville pour s’adresser à un public plus large, via des propositions spectaculaires (mapping, grands formats…) ou plus intimistes. Elle y découvre d’autres disciplines et techniques – le son, la danse, la performance relationnelle –qu’elle peut intégrer à sa large gamme d’esthétiques, pop ou plus contemplative. Elle souhaite désormais diriger des comédiens dans l’espace public.
Durant le cursus de l’artiste à la FAI-AR, le Venezuela connaît la plus grave crise politique et socio-économique de son histoire. Son projet DéPAYSé (point 0) naît de l’urgence de parler de cette réalité. L’artiste regroupe une équipe polyvalente – acteur de théâtre physique, illustrateur, vidéaste, astrophysicien… –, pour certains Sud-Américains exilés comme elle et les questionne sur leur sentiment de déracinement, le souvenir d’un pays quitté, impliquant parfois le retour à des racines familiales plus anciennes (espagnoles, allemandes, portugaises…).
Pour son interprète, comédien acrobate formé au théâtre physique à l’école Dimitri, en Suisse, elle invente une gestuelle inspirée de la Gestalt thérapie, apte à exprimer les troubles singuliers liés à l’exil : perte des repères géographiques, résilience, reconstruction de la mémoire… Projection de vidéo animée en stop motion, collages et ambiance sonore créent une atmosphère habitée, transformant les sensations en images. Le langage corporel, les symboles et les métaphores remplacent les mots, afin de dérouler une histoire évoquant le besoin d’appartenance à une terre quittée, qui n’existe plus.
TUTRICE / Loredana Lanciano, comédienne, chanteuse, performeuse / Membre du Groupe Zur
Textes de Julie Bordenave.